L’IA et la révolution du monde du travail

Le GAFAM (Google, Amazon, Facebook, Apple et Microsoft) investit massivement dans le développement de l’intelligence artificielle (IA). On nous promet une révolution. Doit-on s’en réjouir ou s’en inquiéter? Chose certaine, le milieu du travail et l’éduction seront profondément transformés au cours des prochaines années. Il devient de plus en plus urgent de se doter de lignes directrices claires en matière d’éthique pour éviter de creuser des fossés entre les populations.

On estime que, dans les prochaines années, avec le développement de l’intelligence artificielle, 14 % des emplois seront voués à disparaître au profit de l’automatisation. De plus, 34 % des professions seront profondément modifiées par l’arrivée de cette technologie. Il faut donc s’y adapter. Comment ? L’éducation jouera un rôle capital dans l’adaptation de la main-d’œuvre face à ces nouveaux enjeux. Il sera, d’une part, important de former les étudiants actuels à l’intelligence artificielle, en leur enseignant la science des algorithmes, la programmation, mais aussi les enjeux éthiques reliés à cette technologie. D’autre part, la formation continue des différents travailleurs deviendra essentielle; ceux qui perdront leur métier devront se recycler et ceux dont la profession sera transformée devront s’adapter.

Le top 10 des métiers les moins à risque d’être supplantés par l’intelligence artificielle comprend les enseignants, les avocats, les cadres, les politiciens, les responsables des ressources humaines, les musiciens, les psychothérapeutes, les responsables de culte, les chirurgiens et les athlètes professionnels. De l’autre côté du balancier, on retrouve le top 10 des métiers les plus à risque : les agents de télémarketing, les bibliothécaires, les comptables, les réceptionnistes, les courtiers, les relecteurs, les commis de soutien technique, les analystes de marché, les publicistes et les vendeurs. Comme on peut le constater, les professions comportant un haut niveau de répétitivité ou associées à des analyses mathématiques sont plus à risque de disparaître avec l’arrivée de l’intelligence artificielle, alors que les métiers nécessitant des compétences émotionnelles sont là pour rester.

En éducation, on se prépare depuis quelques années à cette révolution de l’intelligence artificielle. Le cadre de référence de la compétence numérique du ministère de l’éducation, publié en 2019, y fait référence. Selon ce document, les élèves devraient :

  • Développer une compréhension globale à l’égard de l’intelligence artificielle et de ses impacts sur l’éducation, la société, la culture ou la politique;
  • Aborder le contenu numérique en faisant preuve de pensée critique de façon à l’évaluer avant de l’utiliser;

Afin de pouvoir évoluer efficacement dans le monde du travail en transformation, les élèves devront avoir développé une compréhension des algorithmes et de l’intelligence artificielle à l’école, mais également différentes compétences sociales comme la pensée critique, la créativité, l’empathie, la bienveillance et la flexibilité cognitive. Par ailleurs, il sera de plus en plus important d’enseigner les statistiques et les probabilités aux élèves pour qu’ils soient en mesure de comprendre et d’interagir efficacement avec les différentes intelligences artificielles. En effet, l’intelligence artificielle est axée sur les données, les statistiques et les probabilités, mais elle n’est pas en mesure de développer des compétences sociales. C’est donc avec ces habiletés que les futurs travailleurs pourront tirer leur épingle du jeu.

 

Pour que cette révolution se fasse en douceur et sans heurt, il est important de prendre en considération les enjeux éthiques associés à l’intelligence artificielle. Actuellement, le développement de cette technologie repose sur des géants. Le danger ici est que les opportunités économiques prennent le dessus. Le développement de l’intelligence artificielle doit viser une amélioration de qualité de vie de tous les humains et une diminution des écarts entre les populations. La génération de profits importants ne devrait pas faire partie de l’équation. L’intelligence artificielle devrait être utilisée pour accomplir des tâches répétitives et abrutissantes afin de dégager du temps pour des tâches plus complexes et créatives afin de motiver les travailleurs et d’augmenter leur sentiment d’efficacité personnelle. Elle devrait être utilisée pour soutenir la recherche de solutions afin d’augmenter la qualité de vie des humains, notamment en travaillant sur la crise climatique.

 

En résumé, nous sommes au début d’une révolution du monde du travail. Bien que certains métiers subiront une automatisation, plusieurs resteront disponibles aux travailleurs, car ils nécessitent des compétences sociales. De nouveaux métiers émergeront également pour manœuvrer les différents dispositifs d’intelligence artificielle. Plutôt que de se braquer devant ces changements profonds, il serait préférable de commencer dès maintenant à s’adapter à cette nouvelle réalité en formant les futurs travailleurs aux technologies, aux mathématiques et aux compétences sociales. Ainsi, ils pourront se recycler ou s’adapter face à cette nouvelle réalité.

 

Références :

 

Bernazzani, Sophia (2020). 10 Jobs Artificial Intelligence Will Replace (and 10 That Are Safe). https://blog.hubspot.com/marketing/jobs-artificial-intelligence-will-replace.

 

Gaudreau, Hélène et Marie-Michèle Lemieux (2020). L’intelligence artificielle en éducation: un aperçu des possibilités et des enjeux, Études et recherches, Québec, Conseil supérieur de l’éducation, 26 p.

 

Ministère de l’Éducation (2019). Cadre de référence de la compétence numérique, Québec, 34 p.

 

Thorp, Michael (2023). 12 Jobs that AI will never replace. https://inhuntworld.com/12-jobs-that-ai-will-never-replace/.

 

 

 

Cet article a été écrit par:
Nancy Berger